De l’ambition politique à l’action structurée : la création de l’Institut national du cancer

En 2003, le président de la République Jacques Chirac fait du cancer une priorité nationale en lançant le premier plan d’envergure contre cette maladie. Cette initiative, inédite à l’échelle mondiale, donne naissance à l’Institut national du cancer (INCa) dont le lancement officiel par les ministres chargés de la Santé et de la Recherche aura lieu le 24 mai 2005. Créé pour coordonner les efforts en matière de prévention, de soins et de recherche, l’INCa devient un acteur central dans la lutte contre les cancers en France.

Une mobilisation nationale face à un fléau : la genèse du Plan cancer

Au début des années 2000, la France prend un tournant décisif dans sa politique de santé publique. Sous l’impulsion de Jacques Chirac, la lutte contre le cancer devient une priorité nationale. Le constat est sans appel : la France accuse un retard préoccupant dans la prise en soins des personnes malades, la prévention et la détection précoce, le traitement et la recherche liée au cancer. 

C’est en mars 2003 qu’il annonce le premier Plan cancer 2003-2007, un projet sans précédent, tant dans son ambition que dans son ampleur. Inspiré par les États généraux du cancer organisés en 1998 par la Ligue nationale contre le cancer, ce plan marque un tournant historique. 

"J'ai souhaité qu'une mobilisation nationale soit lancée contre le cancer […] Parce que le cancer tue, parce que la science, la médecine, l'éducation, la prévention font beaucoup, peuvent beaucoup, presque tout... mais qu'elles ne viendront pas à bout de ce fléau sans unir leurs forces" Jacques Chirac

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Une vision globale et intégrée de la lutte contre les cancers

Ce Plan cancer repose sur une approche transversale et coordonnée de la maladie. Il ne s’agit pas seulement de renforcer les traitements médicaux mais de revoir l’ensemble du dispositif : prévention, dépistage, amélioration des soins, recherche et accompagnement psychologique et social du malade et de ses proches.

Ce plan accorde également une place importante à la dignité et à la qualité de vie des patients. Les troisièmes États généraux des malades du cancer, en 2004, marquent le début d’un discours collectif sur le cancer, contre le tabou et la solitude des personnes malades.

Création de l’Institut national du cancer : une agence unique pour conduire l’élan national contre la maladie

Dans cette dynamique de transformation, la création de l’Institut national du cancer (INCa), officialisée par la loi de santé publique du 9 août 2004, devient l’un des actes les plus symboliques du premier Plan cancer. Il s’agit de doter l’État d’un outil structurant, capable de coordonner tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le cancer.

L’INCa est conçu comme une « maison commune » de la cancérologie. Créé sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP), il regroupe treize acteurs majeurs du domaine de la santé et de la recherche, publics et privés :

  • Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
  • Le ministère de la Santé et de la Prévention
  • La Ligue nationale contre le cancer (LNCC) 
  • La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer (Fondation ARC) 
  • La Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) 
  • La Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (MSA) 
  • L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) 
  • Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) 
  • La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) 
  • La Fédération hospitalière de France (FHF)
  • La Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés (FEHAP)
  • La Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (UNICANCER)

Cette diversité reflète la volonté de fédérer les énergies, de dépasser les silos institutionnels pour bâtir une réponse cohérente et puissante.

Des missions larges et transversales

L’INCa se distingue par l’ampleur de son champ d’action. Il ne se contente pas de coordonner la recherche ou de financer des études : il couvre l’ensemble de la lutte contre le cancer à travers 9 missions principales :

  1. Prévenir la survenue des cancers à travers des campagnes de prévention et la sensibilisation sur les facteurs de risques.
  2. Dépister plus avec l’organisation des dépistages organisés sur l’ensemble du territoire. 
  3. Assurer la même qualité de soins partout sur le territoire grâce à des critères d’autorisation et d’agrément des établissements de soins en cancérologie.
  4. Prendre en compte l’ensemble des besoins des patients sur le plan physique, psychologique, émotionnel et social.
  5. Produire et diffuser des référentiels pour les professionnels et les organisations, selon l’état de l’art sur les parcours de soins en cancérologie, les stratégies thérapeutiques, les médicaments et leurs effets indésirables. 
  6. Structurer, coordonner et financer la recherche et accélérer le transfert des résultats au bénéfice du patient.
  7. Anticiper les innovations thérapeutiques afin de mieux préparer l’arrivée de ces évolutions
  8. Renforcer la coopération internationale pour résoudre les questions scientifiques les plus complexes.
  9. Approfondir nos connaissances sur les cancers grâce à des outils de veille, des études, du recueil et de l’analyse de données.

Cette approche transversale mais centrée sur une seule pathologie, fait de l’INCa une agence unique au sein des agences sanitaires et des organismes de recherche.

Un modèle à suivre, un combat à poursuivre

La création de l’INCa incarne une réponse originale, ambitieuse et coordonnée face au cancer, impulsée par le premier Plan cancer. Soutenue par une forte ambition, l’INCa a su fédérer, faire dialoguer et mobiliser l’ensemble des acteurs - soignants, chercheurs, patients, industriels - autour d’objectifs partagés et de projets communs. En deux décennies, le paysage de la cancérologie a été transformé et la France est devenue l’un des premiers pays au monde en termes de guérison des cancers.

Au-delà des chiffres, c’est l’amélioration de l’accompagnement des patients qui a été significative. L’annonce du diagnostic est désormais plus respectueuse du patient, encadrée par un protocole garantissant écoute et accompagnement. Les soins de support sont intégrés au parcours de soins et l’attention portée aux droits sociaux des malades s’est renforcée. 

Mais la tâche qui reste à accomplir est considérable : face à une maladie en constante évolution et qui reste la première cause de mortalité dans notre pays, l’engagement collectif et l’innovation permanente reste au cœur des priorités de l’Institut et de tous les acteurs de la cancérologie.

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