• Parcours de soins

La sexualité dans le couple

Depuis les années 2000, un changement majeur est survenu : du statut de maladie incurable, le cancer passe de plus en plus à celui de maladie guérie ou en rémission.
La conséquence positive a été d’attirer davantage l’attention sur la qualité de vie, le bien-être et la vie après, mais aussi pendant le cancer.
S’occuper de la vie intime et de la santé sexuelle en fait partie.

En effet, la question de la sexualité pendant et après un cancer n’est pas futile. Loin de l’être, l’OMS présente même la santé sexuelle comme “fondamentale pour la santé et le bien-être général des personnes, des couples et des familles, ainsi que pour le développement social et économique des communautés et des pays”. Au nombre des droits essentiels à la jouissance de la santé sexuelle figurent ainsi les droits au plus haut niveau de santé possible.
Pourtant, c’est un aspect de vos vies et de votre relation qui sera, comme le reste, mis à rude épreuve : il est donc important d’avoir en tête toutes les conséquences que le cancer peut avoir sur lui.

Les relations sexuelles

 

Pendant la phase des traitements, le ou la partenaire de la personne malade a de la peine à ressentir un désir sexuel pour celle-ci alors qu’elle paraît si affaiblie ou soucieuse du fait des traitements. Le plus souvent cependant, il est important de continuer à manifester avec naturel ses désirs.

Un cancer n’est pas contagieux et il n’y a aucun risque à avoir des relations sexuelles. Généralement, une vie sexuelle est tout à fait possible, même si des adaptations peuvent être nécessaires. Certaines précautions sont parfois à prendre. Par exemple, une contraception est obligatoire en cas de traitement par chimiothérapie.

Certains patients vont rencontrer des problèmes qui sont essentiellement liés à quatre facteurs :

-          La maladie elle-même (fatigue, douleurs…) ;

-          Les effets secondaires de certains traitements. Les difficultés sexuelles varient selon le type de traitement et l’état général du patient : perte du désir sexuel, problème d’érection ou d’éjaculation… Certaines sont temporaires, d’autres peuvent durer plus longtemps, voire être irréversibles ;

-          Les séquelles sexuelles dues à certains traitements (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie). Par exemple, en cas de cancers gynécologiques, une radiothérapie peut entraîner une fragilité passagère des muqueuses ou une sécheresse vaginale, d’autant plus si le traitement entraîne un déficit hormonal (après une chirurgie ou après une radiothérapie). Une sécheresse vaginale peut être compensée par des lubrifiants intimes. En cas de cancer de la prostate, les traitements peuvent générer des troubles temporaires ou définitifs de l’érection. Chez certains, une éjaculation est possible même en l’absence d’érection. Il est très important d’en parler avec un médecin (chirurgien, oncologue radiothérapeute, chimiothérapeute, gynécologue, urologue ou médecin généraliste) : il existe des traitements qui pallient certaines déficiences physiques.

-          Des aspects plus personnels, comme une difficulté à se sentir comme avant, ou à se sentir désirable, une dévalorisation de soi… perturbent la vie sexuelle et entraînent une baisse du désir sexuel.

 

De multiples perturbations peuvent survenir à différents niveaux de la réponse biologique sexuelle, isolément ou plus souvent combinées, mais très dépendantes du cancer et des traitements.

Rappelons malgré tout qu’un trouble sexuel ne devient une dysfonction qu’en cas de plainte, de souffrance ou de mal-être (de la personne malade et/ou du partenaire).
Dans ce cas, ces effets et nouvelles donnes obligent parfois les malades à réinventer leur sexualité voire à délaisser certaines pratiques. 
Le ou la partenaire peut essayer d’être créatif pour s’adapter. Autrement, ces changements de pratique sont peut-être liés à la baisse de votre désir ou de votre investissement, ce qui est également tout à fait normal.

Si pour la plupart des effets indésirables des traitements il existe des solutions, la meilleure façon de trouver ce qui convient reste d’en discuter ensemble. 
Dans un deuxième temps, si cela n’aboutit à aucune solution, discutez-en avec un spécialiste, renseignez-vous sur les sites internet dédiés ou encore participez à des sessions de sexothérapie et autres soins de support liés aux problématiques sexuelles.


Quelle place et quel rôle pour les partenaires ?

 

La santé sexuelle et la vie intime nécessite de considérer la personne malade dans sa globalité, en incluant son partenaire, qui peut être en détresse ou une ressource aidante dans le contexte du cancer.

Il est donc important que vous continuiez à prendre en compte vos besoins, vos craintes et vos désirs ; que vous soyez alerte sur la survenue de difficultés sexuelles et/ou intimes ; que vous ne négligiez pas l’importance du dialogue au sein de votre couple afin d'éviter les stratégies de mise à distance, voire d’évitement, souvent mal comprises par l’autre.

Gardez en tête cependant que la sexualité ne fait pas envie à tout le monde pendant et après un cancer, et qu’il vaut mieux éviter de l’envisager comme un moyen pour votre proche d’avoir un “meilleur moral”.

De manière générale, il est préférable d’éviter d’ajouter à la personne malade et à soi la culpabilité à ne pas être sexuellement actif.

Ces difficultés sexuelles restent un sujet difficile à aborder par le couple mais le temps va les atténuer. Le dialogue, la tendresse et les gestes amoureux permettent souvent de les surmonter et en discuter en couple permet à chacun de se déculpabiliser de ne pas pouvoir avoir de relations sexuelles satisfaisantes ou de ne pas en avoir envie.