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La chirurgie est le traitement de référence des mélanomes cutanés sans métastases. Elle débute par une exérèse diagnostique, suivie si besoin d’une intervention plus large. De la préparation à l’intervention jusqu’aux effets indésirables, voici les étapes clés et les conseils pour bien vivre cette opération.
La chirurgie a pour objectif d’enlever la lésion dans sa totalité et pour les mélanomes à risque de récidive de retirer éventuellement les ganglions sentinelles. Elle constitue le traitement de référence de la grande majorité des mélanomes cutanés qui ne présentent pas de métastases à distance.
Une première chirurgie, appelée exérèse diagnostique, permet d’enlever la lésion et de confirmer le diagnostic de mélanome. À la suite de cette première exérèse et selon l’épaisseur de la lésion retirée, une seconde intervention chirurgicale est programmée afin de la compléter. On parle cette fois d’exérèse chirurgicale de sécurité ou encore de reprise d’exérèse.
Comment se préparer à l'intervention ?
Une ou deux consultations sont programmées quelques jours avant l’intervention : une consultation avec le chirurgien chargé de votre opération et une autre avec l’anesthésiste si besoin.
La consultation avec le dermatologue ou le chirurgien
Le médecin vous explique les objectifs de l’opération, la technique qu’il va utiliser, les suites et les complications possibles. Cette consultation est l’occasion de poser toutes vos questions.
Lors de cette consultation, le médecin peut vous demander de signer un consentement afin qu’un échantillon de la tumeur fasse l’objet d’une analyse génétique. Cette analyse vise à identifier d’éventuelles altérations moléculaires présentes dans l’ADN constituant les gènes de la cellule cancéreuse. L’objectif est de déterminer si vos cellules sont sensibles à des traitements ciblant ces anomalies moléculaires et qui pourraient vous être proposés après la chirurgie. Cet échantillon peut également être conservé après l’opération dans une tumorothèque en vue de recherches ultérieures.
La consultation avec l’anesthésiste
L’intervention est réalisée sous anesthésie locale ou générale selon les cas. Lorsqu’elle a lieu sous anesthésie générale, la consultation avec l’anesthésiste permet d’évaluer les risques liés à l’anesthésie, en prenant en compte vos antécédents médicaux et chirurgicaux et d’apporter les courriers médicaux en lien avec vos différents problèmes.
Il est important de signaler tout problème de santé, notamment les allergies (médicaments, rhume des foins, etc.), les problèmes respiratoires (asthme, bronchite chronique), les problèmes cardiaques (hypertension par exemple), les problèmes de coagulation liés à une maladie ou à une prise régulière de médicaments (aspirine, anticoagulants), ainsi que votre consommation d’alcool et de tabac.
Cette consultation est l’occasion de poser toutes les questions que vous avez au sujet de l’anesthésie.
Bénéficiez d’une aide pour arrêter de fumer
L’arrêt du tabac quelques semaines avant une intervention est important pour réduire les risques de complications pendant et après l’opération (risques de complications pulmonaires, d’infection de la zone opérée et de problèmes de cicatrisation). Des moyens existent pour accompagner l’arrêt du tabac et soulager les symptômes de sevrage.
Que se passe-t-il après l’intervention ?
Si l’intervention a été réalisée sous anesthésie générale, vous êtes amené ensuite en salle de réveil où l’équipe médicale assure votre surveillance.
À votre réveil, vous pouvez ressentir des nausées ou encore une somnolence, provoquées par l’anesthésie.
Comme après toute intervention chirurgicale, des douleurs sont fréquentes dans la zone opérée. Elles sont systématiquement traitées, généralement par de la morphine ou l’un de ses dérivés. Si vous n’êtes pas suffisamment soulagé, signalez-le sans tarder à l’équipe qui vous entoure afin que le traitement puisse être adapté.
Pour en savoir plus sur la douleur, vous pouvez consulter notre rubrique dédiée : Douleur et cancer.
Tout ce qui a été retiré lors de l’intervention chirurgicale est transmis à un laboratoire d’anatomopathologie pour être analysé par un médecin spécialiste appelé anatomopathologiste. Cet examen consiste à observer minutieusement, à l’œil nu puis au microscope, les tissus prélevés, appelés pièces opératoires, afin de déterminer jusqu’où les cellules cancéreuses se sont propagées.
C’est grâce à cet examen que le stade du cancer, c’est-à-dire son degré d’extension, est défini et que les médecins statuent en réunion de consultation pluridisciplinaire (RCP) si un traitement complémentaire est nécessaire après la chirurgie.
Les effets indésirables et complications possibles
Les effets indésirables à court terme
Des effets indésirables à court terme peuvent se manifester immédiatement après l’intervention ou quelques semaines plus tard. En général, ils sont temporaires. Certains sont communs à toute chirurgie, comme un retard de cicatrisation, une infection locale ou générale, des saignements, une fatigue. D’autres effets indésirables et complications peuvent également apparaître parmi lesquels :
- Des problèmes de cicatrisation. Il arrive qu’un hématome ou une infection apparaissent au niveau de la cicatrice. Ces effets indésirables guérissent souvent à l’aide de soins locaux. Toutefois, s’ils ne disparaissent pas, une nouvelle opération est parfois nécessaire pour les traiter.
- Des douleurs au niveau de la cicatrice. Ces douleurs sont très fréquentes. Elles sont le plus souvent légères et diminuent en quelques heures avec des médicaments contre la douleur. N’hésitez pas à solliciter un membre de l’équipe soignante si besoin.
- La formation d'un caillot de sang dans une veine, appelée thrombose veineuse ou phlébite. Comme après toute intervention sous anesthésie générale, cet effet secondaire peut apparaître notamment chez les personnes qui ont une fragilité vasculaire. Chez ces personnes, le médecin peut prescrire un médicament anticoagulant comme l'héparine, qui diminue la probabilité de formation de caillots sanguins.
- Des difficultés à se déplacer lorsque la cicatrice se situe au niveau d’une articulation. En fonction de l’endroit où l’opération a été réalisée (épaule, cheville), certains mouvements deviennent difficiles. Un masseur-kinésithérapeute peut aider à retrouver rapidement une meilleure mobilité en conseillant quelques exercices.
- Un œdème, fréquent lorsque la chirurgie est réalisée sur le visage.
Si les effets indésirables persistent, on parle alors d’effets indésirables à long terme.
Les effets indésirables à long terme
Des complications ainsi que des effets indésirables à long terme peuvent se manifester bien après l’intervention et durer longtemps. Ce peut être :
- Des problèmes de cicatrisation. Chez certains, une masse de tissu apparaît sur la cicatrice, on parle de cicatrice chéloïde. Avec le temps, la plupart des chéloïdes s'aplatissent et deviennent moins visibles.
- Des séquelles esthétiques qui sont fréquentes. Elles sont particulièrement difficiles à vivre lorsqu’elles se situent sur le visage. Une chirurgie réparatrice peut aider à retrouver une bonne image de soi ; une greffe de peau lorsque l’exérèse a été étendue ouune opération pour améliorer l’aspect esthétique de la cicatrice peuvent être envisagées.
Tous ces effets indésirables sont connus de votre équipe soignante et leur traitement fait partie intégrante de votre parcours de soins. N’hésitez pas à décrire aux professionnels de santé tous les signes et symptômes que vous rencontrez.