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Le mélanome est la forme la plus agressive des cancers de la peau. Il en existe quatre types principaux. Sa progression, d’abord superficielle puis profonde, peut entraîner des métastases mais dépisté tôt, il se soigne efficacement. Il se distingue des carcinomes, plus fréquents mais généralement moins agressifs.
Un mélanome de la peau est une maladie d’un type de cellules de la peau appelées mélanocytes. Il se développe généralement à partir d’une cellule initialement normale qui se transforme et se multiplie de façon anarchique pour former une lésion appelée tumeur maligne. Plus rarement, il peut se développer à partir d’un grain de beauté (nævus).
L'évolution du mélanome
Environ 80 % des mélanomes de la peau se développent sur une zone de peau saine, c’est-à-dire une peau qui ne présente aucune tache ou lésion. Ils apparaissent sous la forme d’une tache pigmentée qui ressemble à un nouveau grain de beauté mais qui n'a pas la couleur des grains de beautés habituels de la personne. Dans les autres cas, ils se développent à partir d’un grain de beauté (aussi appelé nævus) préexistant.
La plupart des mélanomes se développent d’abord horizontalement dans l’épiderme, puis verticalement vers les couches plus profondes de la peau. Tant que la tumeur se situe au sein de l’épiderme, on parle de mélanome in situ (niveau de Clark I). Si le mélanome est enlevé à ce stade, il n'y a pas de risque de diffusion locale ou métastatique.
Les cellules cancéreuses peuvent franchir la membrane basale (couche de l'épiderme) et atteindre le derme, on dit alors que le mélanome est invasif (niveau Clark II).
Avec le temps et si aucun traitement n’est effectué, la tumeur progresse en profondeur à travers le derme (niveau de Clark III puis IV), voire l’hypoderme (niveau de Clark V). Les cellules du mélanome peuvent alors se détacher de la tumeur de la peau et emprunter les vaisseaux lymphatiques et les vaisseaux sanguins pour aller envahir d’autres parties du corps :
- les ganglions lymphatiques proches du mélanome de la peau, au niveau de l'aisselle, de l'aine ou du cou.
- la peau entre la tumeur et les premiers ganglions proches sous la forme de nodules dont la taille varie de celle d'une tête d'épingle à plusieurs centimètres. On les appelle métastases en transit.
- d’autres organes tels que les poumons, le foie, d’autres zones de la peau, les os ou le cerveau. Les nouvelles tumeurs qui se forment alors s’appellent des métastases à distance.
L’indice de Breslow et les niveaux de Clark pour évaluer le pronostic
Pour évaluer la gravité d’un mélanome, deux mesures sont utilisées : le niveau de Clark et l'indice de Breslow.
Le niveau de Clark décrit à quelle profondeur la tumeur a pénétré dans les différentes couches de la peau (de I à V, voir illustration ci-dessus). L’indice de Breslow mesure l’épaisseur du mélanome en millimètres. Il est aujourd'hui le plus utilisé car considéré comme plus fiable pour estimer le pronostic.
Les principaux types de mélanomes
On distingue quatre principaux types de mélanomes de la peau :
- Le mélanome à extension superficielle (deux tiers des cas), aussi appelé SSM pour Superficial Spreading Melanoma en anglais. Il est très souvent lié à des coups de soleil importants dans le passé. Il s’étend d’abord horizontalement à la surface de la peau puis en profondeur dans les couches de la peau. Il se présente sous la forme d'une tache irrégulière brune ou noire qui s'étend lentement. Ce mélanome apparaît le plus fréquemment sur le cou, la partie supérieure du tronc chez l’homme et la partie inférieure des jambes chez la femme.
- Le mélanome acrolentigineux ou mélanome des extrémités. Il se découvre le plus souvent chez les personnes qui ont la peau foncée, sur la paume des mains, la plante des pieds ou sous les ongles. Il n’est pas lié à une surexposition aux ultraviolets et se développe d'abord horizontalement pendant plusieurs mois ou années, puis verticalement, en profondeur. Il apparaît habituellement sous la forme d'une lésion foncée plane puis sous forme de nodules. Lorsqu’il est de la couleur de la peau, il est alors très difficile à diagnostiquer car il peut être confondu avec une verrue plantaire.
- Le mélanome de Dubreuilh, parfois encore appelé mélanome de type lentigo malin. Il apparaît le plus souvent chez les personnes âgées de plus de 50 ans. Il est lié à des expositions répétées aux rayons ultraviolets (UV). Son extension est d’abord horizontale puis verticale. Le mélanome de Dubreuilh apparaît le plus souvent sur les zones les plus exposées au soleil, comme le visage, le cou et ou les mains. C'est une tache brune plus ou moins foncée qui augmente de taille très lentement.
- Le mélanome nodulaire. C'est le type de mélanome dont la croissance est la plus rapide. Il peut atteindre toutes les parties de la peau, y compris les régions non exposées au soleil. Contrairement aux autres mélanomes qui commencent à s’étendre horizontalement, le mélanome nodulaire s’étend rapidement en profondeur (verticalement) dans les couches de la peau. Il se manifeste habituellement sous la forme d'un "bouton" de couleur foncée ou de la couleur de la peau de la personne.
Le traitement de ces différents types de mélanome repose le plus souvent sur la chirurgie qui est adaptée à la localisation et la profondeur de la lésion.
Les chiffres du mélanome en France
Avec 17 922 nouveaux cas estimés en France en 2023, les mélanomes de la peau représentent 10 % des cancers de la peau et 4 % de l’ensemble des cancers.
L’âge moyen au moment du diagnostic est de 68 ans pour les hommes et 62 pour les femmes. Les hommes sont légèrement plus touchés que les femmes.
Les mélanomes de la peau sont considérés comme des cancers de pronostic favorable après exérèse chirurgicale : le taux de survie nette standardisée, tous stades confondus, à 5 ans est de 93 %.
Les carcinomes, autres types de cancers de la peau
Les mélanomes sont les cancers de la peau les plus agressifs mais ce ne sont pas les plus fréquents. Il s'agit des carcinomes qui représentent 90 % de l’ensemble des cancers cutanés.
Les carcinomes surviennent généralement après l’âge de 50 ans, sur les zones découvertes du corps. Ils sont le plus souvent dus à une exposition au soleil excessive et répétée tout au long de la vie.
Contrairement au mélanome de la peau, le point de départ des carcinomes cutanés n’est pas les mélanocytes, mais les kératinocytes, également situés dans l’épiderme. On en distingue deux types :
- les carcinomes basocellulaires : ce sont les carcinomes les plus fréquents mais les moins graves. Ils évoluent lentement et n’entraînent pas de métastases à distance. Cependant, ils peuvent s’étendre localement et entraîner une destruction des tissus sous-cutanés, c’est-à-dire situés sous la peau. Le plus souvent, il suffit de les retirer chirurgicalement pour en assurer la guérison.
- les carcinomes épidermoïdes (anciennement appelés carcinomes spinocellulaires) : ils sont plus rares et peuvent entraîner des métastases. Ils sont toutefois facilement guérissables dans la plupart des cas, grâce à une détection précoce permettant un traitement chirurgical.
Les traitements proposés étant spécifiques à chaque type de cancer de la peau, il est important de connaître le nom précis de la maladie pour accéder à une information adaptée à votre situation.