Les niveaux de risque de cancer colorectal

L'âge auquel commencer à réaliser un dépistage régulier du cancer colorectal, les modalités d'investigation et le rythme à respecter varient selon le niveau de risque des patients.

Cancer colorectal

Les patients à risque moyen de cancer colorectal (80 % des cas)

Toute personne âgée de 50 à 74 ans, sans histoire familiale ni antécédents personnels de cancer colorectal ou d'adénome et ne présentant pas de symptômes évocateurs ni de facteurs de risque particuliers est considérée comme « à risque moyen ». Elle est éligible au programme national de dépistage du cancer colorectal.

Le test immunologique OC Sensor® est le test de référence. Il présente une sensibilité et une fiabilité supérieures à celles du test précédent. Il devrait générer un nombre de coloscopies environ deux fois plus important mais elles seront réalisées à meilleur escient, par ciblage des personnes ayant un test positif et donc considérées comme susceptibles d'avoir une lésion. Il est aussi plus simple d'utilisation et sa manipulation est plus ergonomique.

Attirez l'attention de vos patients sur la nécessité de revenir rapidement en consultation s'ils constatent la survenue de signes d'alerte comme :

  • la présence de sang rouge ou noir dans les selles (rectorragies) ;
  • des douleurs abdominales persistantes et d'apparition récente, surtout après 50 ans ;
  • des troubles du transit persistants et d'apparition récente, comme une diarrhée ou une constipation inhabituelle, ou une alternance de ces états ;
  • un amaigrissement inexpliqué.

Vous les adresserez alors directement à un gastroentérologue pour pratiquer une coloscopie.

Les patients à risque élevé de cancer colorectal (15 à 20 % des cas)

On considère que certaines personnes présentent un risque de cancer colorectal plus élevé que la moyenne en raison d'antécédents personnels ou familiaux particuliers :

  • patients ayant un antécédent personnel de cancer colorectal ou d'un (ou plusieurs) adénomes
  • patients dont un parent au premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) a été atteint d'un cancer colorectal ou d'un adénome de plus de 1 cm de diamètre avant 65 ans
  • patients dont deux parents au premier degré ont été atteints de ce type de cancer, quel que soit leur âge au moment du diagnostic
  • patients atteints d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI), étendue au moment du diagnostic et évoluant depuis plus de 20 ans.

Ces personnes présentent 4 à 10 fois plus de risques de développer un cancer colorectal que celles à risque moyen. La méthode de dépistage préconisée pour elles est la coloscopie, dont la fréquence sera déterminée par le gastroentérologue en fonction des lésions découvertes, du profil et des antécédents de chaque patient.

Si un patient à risque élevé vous consulte pour des signes évocateurs d'un cancer colorectal entre deux rendez-vous de coloscopie, adressez-le directement à son gastroentérologue.

Les patients à risque potentiellement très élevé de cancer colorectal (1 à 3 % des cas)

Certaines altérations génétiques constitutionnelles, c'est-à-dire pouvant se transmettre d'une génération à une autre, peuvent favoriser la survenue d'un cancer. Elles exposent donc les personnes qui en sont porteuses à un risque considéré comme « très élevé » de développer un cancer, colorectal par exemple.

C'est particulièrement le cas au sein de familles touchées par :

  • une polypose adénomateuse familiale (PAF), pathologie caractérisée par la présence de nombreux adénomes dans le tube digestif et principalement liée à des mutations des gènes APC ou MUTYH ;
  • le syndrome de Lynch, un cancer colorectal héréditaire non polyposique lié à des mutations des gènes MMR.

Certains critères peuvent évoquer de telles prédispositions génétiques :

  • la précocité de la survenue du cancer, avant 50 ans voire avant 60 ans
  • plusieurs cas de cancers colorectaux dans la même branche familiale, quel que soit l'âge des patients au moment du diagnostic
  • la présence de cancers multiples du côlon, apparus en même temps ou de façon différée et qui ne sont ni des rechutes, ni des métastases.

Si vous estimez qu'un patient présente un risque potentiellement très élevé de cancer colorectal, vous pouvez vous rapprocher de la consultation d'oncogénétique la plus proche de votre lieu d'exercice afin d'en discuter. A ce jour, plus de 139 sites de consultation sont répartis dans 94 villes sur l'ensemble du territoire, y compris dans les départements d'outre-mer.

Les consultations d'oncogénétique s'adressent aux personnes, malades ou non, dont les antécédents médicaux, personnels et/ou familiaux sont évocateurs d'une forme héréditaire de cancer. Dans la mesure du possible, la première consultation concerne plus particulièrement un patient ayant développé un cancer (cas index). Dans une famille où une prédisposition génétique est pressentie, il s'agit de la personne qui présente la plus forte probabilité d'être porteuse de l'altération génétique constitutionnelle en cause.

La première consultation d'oncogénétique consiste à recueillir les informations médicales du cas index, à reconstituer son histoire personnelle et familiale, à construire l'arbre généalogique de la famille puis, au regard de l'ensemble de ces informations, à évaluer le risque potentiel de cancer du patient et à prescrire éventuellement un test génétique. Il est réalisé à partir d'une simple prise de sang par l'un des 25 laboratoires d'oncogénétique adossés aux consultations.

Si une altération génétique constitutionnelle responsable d'une augmentation du risque de développer un cancer est identifiée, il peut alors être proposé de la rechercher auprès des autres membres concernés dans la famille (cas apparentés).


Textes de référence