La première feuille de route 2021-2025

2025 : une année d’évaluation intermédiaire de la stratégie décennale

Avec la stratégie décennale de lutte contre les cancers, c’est pour la première fois un projet non pas à 5 ans mais à 10 ans qui a été élaboré, considérant que les ambitions fixées ne pouvaient se réaliser que sur le temps long, à condition de permettre des transformations en profondeur et de donner de la visibilité pour tous les acteurs.

Si les axes et objectifs stratégiques ont été définis pour dix ans, leur déclinaison opérationnelle se fait, elle, sur une échelle de deux fois cinq ans, dans le cadre de deux feuilles de route. Le décret n° 2021-119 du 4 février 2021 portant définition de la stratégie décennale de lutte contre le cancer prévue à l'article L. 1415-2 1° du code de la santé publique prévoit que « cette stratégie s'inscrit dans une démarche dynamique. Les objectifs et priorités seront adaptés en fonction des résultats, grâce à une évaluation à mi-parcours prévue par la loi. A cet effet, des feuilles de route seront établies pour la période 2021-2025, puis pour la période 2026-2030. ». Il est par ailleurs précisé que le conseil scientifique de l’Institut national du cancer rend un avis à mi-parcours sur la pertinence de la stratégie.

L’évaluation à mi-parcours vise en premier lieu à identifier les besoins et les leviers pour renforcer, adapter, réorienter ou compléter les actions définies dans la première feuille de route 2021 – 2025, afin de s’assurer de mener à bien les objectifs définis dans la stratégie décennale. Elle doit servir à élaborer la seconde feuille de route 2026 – 2030, qui s’inscrira dans la continuité de la première, tout en la consolidant et la complétant le cas échéant. 

Bilan de la première feuille de route 

La feuille de route 2021 – 2025 de la stratégie décennale de lutte contre les cancers présente un niveau d’avancement global très satisfaisant. Au premier semestre 2025, près de 90 % de l’ensemble des actions ont bien été engagées, soit 212 actions sur 237.

71 actions sont terminées, soit près de 30 % du total des actions. Il s’agit en majorité d’actions initiées en 2021. Parmi ces actions : 

• Le lancement d’un plan ainsi qu’un appel à projets « Zéro Exposition : Réduire les expositions dans les établissements accueillant des jeunes » pour soutenir les collectivités dans la mise en place d’actions visant à réduire l’exposition des jeunes aux facteurs de risque de cancer. 
• Le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) a été renouvelé pour la période 2023 – 2028. L’objectif d’une première génération sans tabac d’ici 2032, s’est concrétisé au travers de mesures importantes, telles que l’extension des espaces sans tabac ou l’interdiction de la vente des cigarettes électroniques jetables dites « puffs ». 
• Des réseaux de recherche en prévention primaire ont été labellisés et un Programme d’actions intégrées de recherche (PAIR) « Obésités et cancers » a été lancé. 
• La réduction des séquelles et l’amélioration de la qualité des personnes a aussi fait l’objet de nombreuses actions menées à leurs termes, avec le lancement d’un appel à projets sur les séquelles, dont une édition sur la radiothérapie, ou l’élaboration d’un référentiel organisationnel des soins oncologiques de support.
• L’accès aux médicaments innovants a été soutenu avec l’expérimentation d’un dispositif « d’accès direct » bénéficiant, pour une durée d’un an, d’une prise en charge par l’Assurance maladie, dès la publication de l’avis de la Haute Autorité de Santé, sans attendre la finalisation de l’ensemble des formalités d’accès officiel au marché.
• La lutte contre les cancers de mauvais pronostics a également été renforcée, avec le lancement en 2021 d’un appel à projets High risk High gain sur les cancers de mauvais pronostic ou encore l’entrée en vigueur de la réforme des autorisations de l’activité de soins de traitement du cancer, incluant la mise en place de nouveaux seuils d'activité minimale. 
• A noter également, la création du groupe de coordination « G7 Cancer » qui rassemble les sept pays les plus avancés dans la lutte contre les cancers.

141 actions sont en cours, parmi lesquelles des mesures phares qui devront se poursuivre dans la feuille de route 2026 – 2030.

• En matière de prévention, il s’agira de mener le programme pilote de dépistage du cancer du poumon, et aussi de poursuivre la promotion de la vaccination contre les papillomavirus humains, qui peut désormais s’appuyer sur des campagnes nationales de vaccination au collège. 
• Concernant la réduction des séquelles et l’amélioration de la qualité de vie, les travaux relatifs à l’organisation et au financement des soins oncologiques de support se poursuivront pour en garantir l’accès à chaque patient. 
• Le soutien aux aidants devra être maintenu, au travers des travaux de l’Observatoire des aidants de patients atteints de cancer, créé en 2024. 
• Des actions structurantes de lutte contre les cancers de mauvais pronostics sont également en cours, dont l’expérimentation de dispositifs de diagnostic rapide et de filières d'entrée accélérée dans le parcours pour ces localisations.

Enfin, 21 actions de la stratégie ne sont pas encore démarrées. Cependant, les quatre axes avancent à un rythme similaire. L’axe III présente la part d’actions en cours ou terminées la plus élevée (97 %), tandis que l’axe II présente la part la plus importance d’actions non démarrées (12 %). 

Ce bilan d’activité apporte quelques premiers éclairages sur les sujets dont la situation est plus contrastée : 

• en matière de prévention, la réduction des risque liés à une consommation excessive d’alcool, la prévention et la reconnaissance des cancers d’origine professionnelle, la connaissance et la réduction des risques environnementaux, et les approches personnalisées de détection et suivi ;
• en matière de soins, la structuration d’une offre de prise en soin des séquelles ; 
• en matière de qualité de vie, le développement de l’accès aux droits, en matière de maintien et de retour en emploi notamment ; 
• en matière de recherche, le développement de la recherche translationnelle, et l’utilisation des données et de l’intelligence artificielle.

Ces actions feront l’objet d’une attention particulière dans le cadre l’élaboration de la seconde feuille de route 2026 – 2030 de la stratégie décennale.